Descente au fond du cratère du Kawah Ijen

Nous redescendons dans la vallée le matin, ne sachant pas trop quel moyen de transport prendre ensuite pour atteindre le prochain volcan, puisqu’il existe deux voies d’accès différentes. Après discussion avec un autre couple dans le mini-van, nous décidons de prendre le train pour Banyuwangi, située à une heure de route du volcan.

Banyuwangi (1)

Dès que nous sortons du train, nous tombons sur une guesthouse aux micro-chambres propres et très basiques : salle d’eau et matelas sur le sol. Cela suffira amplement puisque la nuit va être courte : l’Ijen ne se visite pas à l’aube mais carrément de nuit afin d’observer les flammes bleues issues de la combustion du soufre. Tous ceux que nous croisons et qui nous en parlent évoquent leur meilleur souvenir de Java, rien que ça.

Le rendez-vous est donc pris pour 23h30 avec notre hôte, afin d’y être pour 1h, heure d’ouverture de la « billetterie ». En arrivant, nous pensions être seuls, eh bien pas du tout, il y a déjà des dizaines et des dizaines de scooters parqués, tout comme des voitures. Tout le monde attend l’ouverture en se réchauffant comme il peut, la température ayant sensiblement chuté : il fait nuit et nous sommes montés en altitude. Nous prenons enfin les tickets, d’une somme exorbitante encore une fois dans ce genre de sites touristiques (10€, tarif spécial week-end…). Cette fois, pas possible d’y échapper.

Nous commençons l’ascension, c’est assez raide, il fait nuit et nous sommes fatigués, mais ce qui nous attend mérite bien ce petit effort. Pendant que nous montons, un porteur de soufre commence à discuter avec nous, il fait son premier aller-retour de la « journée ». Cette mine de soufre est exploitée par des chinois apparemment, et les porteurs sont payés au poids. Le travail est dur, les charges sont lourdes et l’exposition durable et répétitive aux vapeurs soufrées est bien sûr nocive. En arrivant en haut du cratère, à 2386m, il nous propose d’être notre guide pour descendre, ce que nous acceptons, nous lui donnerons un pourboire à la fin.

Banyuwangi (2)

Nous entamons la descente à la lueur des frontales, le masque à gaz sur la bouche et le nez, non contents d’être quasiment les premiers.

Banyuwangi (8)

Banyuwangi (6)

Le chemin n’est pas évident à trouver, caillouteux, pentu et assez glissant. Le masque à gaz pour respirer ajoute un peu de stress dans l’inconnu. A une allure très mesurée, on s’approche de plus en plus des fameuses flammes bleues qui se détachent de l’obscurité, c’est grisant.

Banyuwangi (3)

Nous nous rapprochons du foyer, les flammes mesurent deux ou trois mètres. Cette couleur bleue intense est dûe à la combustion des vapeurs de soufre qui émanent du volcan. Des tuyaux ont été installés et permettent de collecter et de refroidir plus rapidement ces vapeurs qui se transforment en poudre orange puis jaune en cristallisant. Etre au milieu du cratère en pleine nuit donne lieu à des photos et vidéos assez irréelles.

Banyuwangi (4)

Banyuwangi (9)

Après quelques dizaines de minutes dans cette atmosphère un peu suffocante, nous devons remonter. C’est à ce moment que nous réalisons notre chance d’avoir été dans les premiers : le chemin pour descendre est recouvert par les lumières des frontales, comme des chandelles dans la nuit. La remontée sera loin d’être évidente, les croisements sont difficiles, et nous, touristes, gênons parfois les porteurs de soufre en train de remonter leurs lourds paniers sur leurs épaules. Nous prenons une dernière photo des flammes bleues avant d’atteindre le haut du cratère.

Banyuwangi (7)

Banyuwangi (10)

Notre guide est toujours avec nous, et bizarrement n’a pas eu à porter du soufre depuis le fond de la mine. Nous lui donnons un petit pourboire, il reçoit 18€ de nous 5 (nous étions avec deux anglaises) pour être resté une heure avec nous. Il nous dit que ce n’est pas assez. Super. Ce volcan est devenu une vraie industrie touristique, et on ne sait plus trop si les porteurs de soufre en portent encore, et surtout, si les touristes ne rapporteraient pas plus que porter du soufre. Résultat : notre porteur de soufre l’était-il vraiment ou était-il déguisé en porteur ? Et quand, au hasard d’une conversation, il me dit que sa femme est morte il y a 9 mois, dois-je le croire ?

Nous continuons notre chemin sur le pourtour du cratère afin d’observer le lever du soleil, il doit être seulement 4h du matin. La lumière laisse découvrir le cratère fumant dans lequel nous étions plongés quelques heures auparavant, ainsi que le magnifique lac bleu attenant. Ce lac serait le plus acide du monde (pH 0,2 pour les connaisseurs), et doit sa couleur à la réaction des gaz lors de leur dissolution dans l’eau. Magnifique, il est temps de prendre quelques photos de groupe.

Banyuwangi (11)

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Banyuwangi (12)

Banyuwangi (15)

La redescente est un peu plus facile, nous croisons tout de même des porteurs de soufre qui semblent se préoccuper de la logistique. Des charrettes équipées de freins permettent d’emmener les lourds morceaux jusqu’en bas.

Banyuwangi (14)

Nous rentrons à la guesthouse vers 9h, après une nuit blanche mémorable. Après deux jours et deux volcans, le but de notre prochaine destination est de nous poser un peu et profiter des paysages et des plages que peut proposer l’Indonésie.

Thibault

Thibault

1 Comment

  • Sophia
    Sophia

    Je pense qu’il est bien porteur – ou du moins l’a au moins été à un moment – au vu de sa capacité à soulever un double-panier « insoulevable’ de cristaux de soufre … Vu son niveau d’anglais, je pense effectivement que ça fait un petit moment qu’il arrondi ses fins de mois en faisant le guide. A se demander s’il continue toujours d’en porter…
    A noter que Gilles a récemment vu un reportage à la télé sur les porteurs de soufre de l’Ijen, et à aucun moment il n’était question du tourisme. La réalité est moins romanesque, sur place les touristes sont partout, et il est évident qu’une partie des revenus des porteurs en découle, que ce soit en proposant leurs services de guide ou en vendant des objets dérivés (blocs de soufre sculptés en forme de ptite voiture, de Donald, d’Hello Kitty …). Ah, la télé ….

    23 août 2016 at 9 h 46 min

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