Trek dans les rizières à Sapa

Nous quittons le Laos et nous passons notre troisième frontière terrestre en continu. Qu’est ce qui va encore nous tomber dessus ? Quel est le degré de corruption de cette frontière ? Nous passons le premier guichet, le tampon de sortie du Laos, pas de problème. Mais c’est un peu bizarre parce que l’on ne voit pas de poste frontière vietnamien, et pour cause, il se situe à une dizaine de kilomètres. Au deuxième poste frontière, je passe mon passeport en jouant des coudes pour ne pas trop me faire doubler dans la queue (spécialité vietnamienne apparemment), et je présente mon visa, nous devrions avoir le droit de rester jusqu’au 6 juillet. Mais là, problème, le douanier marque 1er juillet sur le passeport. Euh, comment ça ? Notre visa était valable du 1er juin au 1er juillet, et le douanier de Phnom Penh auprès duquel on avait fait faire nos visa nous avait dit que le visa était de 30 jours à partir du moment où l’on rentrait sur le territoire. Et bien non cela ne marche pas comme ça. Un peu frustrés et déçus, cela n’a pas de conséquence pour nous, puisque nous pouvons changer la date de sortie du billet d’avion sans problème.

Notre bus se dirige maintenant vers Dien Bien Phu où nous passerons la nuit pour nous rendre à Sapa le lendemain matin. Dien Bien Phu, c’est le lieu où les français ont pris une raclée par les vietnamiens en sous-estimant complètement leur intelligence et leur force. Les français s’étaient mis dans une cuvette, en attendant l’ennemi, en pensant que celui-ci serait incapable de transporter du matériel, et viendrait donc se battre à l’ancienne au corps à corps. Mais les vietnamiens ont tout démonté, emportant plus de 250kg de matériel sur un seul vélo, puis tout remonté en haut des collines entourant la ville. Puis ils ont appuyé sur le bouton… Cela sonna la fin de la présence française au Vietnam.

Nous n’avons pas spécialement fait de musée ou vu de lieu de commémoration, nous devions plutôt nous adapter à un nouveau pays que l’on nous a beaucoup décrit comme désagréable à cause de la population. Les premiers contacts sont rugueux, nous découvrons des vietnamiens très stressants et qui paraissent très stressés, sans pour autant être méchants, au contraire ils sont très souriants.

Sapa (1)

Après avoir acheté des sandwiches « Pâ Té », un minivan nous emmène en direction de Sapa. Quand je dis « nous », j’inclus Candyce, une française déjà croisée au Laos, avec qui nous passerons ces quelques jours. Nous montons en altitude, la route est magnifique, les nuages effleurant la montagne et laissant découvrir ses lacets les uns après les autres. Par contre notre chauffeur n’est guère rassurant : nous passons dans des zones de chantier pleines de boue où le minivan glisse un peu ; pour allumer sa cigarette, il lui faut quasiment s’arrêter ; il pleut des cordes et il ne connaît pas le désenbuage donc il réveille la voyageuse à côté de lui pour le faire ; et enfin il pique un peu du nez et nous devons le surveiller à coups de « Ok ? ».

A notre arrivée, en cherchant un logement pour la nuit, les femmes H’mong nous interpellent dans la rue pour nous proposer un trek de quelques jours. Après une heure de réflexion, après avoir réservé une chambre d’hôtel pour dans deux jours, et après avoir été mis bien en confiance, nous partons pour deux jours de vie chez les H’mong noirs du Vietnam, en moto. D’ordinaire les agences de voyage proposent des treks à 40$ par jour et par personne, avec un guide obligatoire (il est même noté dans tous les hôtels de ne pas suivre les femmes H’mong qui vous interpellent), et les locaux chez lesquels on dort ne reçoivent qu’une très faible part. Nous payerons directement dans la main des villageois, 20$ par jour et par personne.

Sapa (2)

Sapa (3)

Après un court voyage en moto, et un détour pour éviter la taxe d’entrée du village (encore une fois inutile selon nos hôtes), nous arrivons dans une maison à la fois spacieuse mais sommaire. Le sol est en béton brut, les murs sont en bois, et au milieu de la cuisine se trouve un trou carré de 50cm de côté en guise de plaques de cuisson. Nous sommes au calme, et profitons de l’endroit en nous baladant un peu entre les rizières.

 Sapa (9)

Au cours de la soirée, nous découvrons la happy water, qui est en réalité de l’alcool de riz. Nous trinquons, puis nous commençons à manger. Nous trinquons une deuxième fois, puis nous remangeons. Et ainsi de suite. Les quantités servies ne sont pas énormes, mais à force les bouteilles descendent vitent ! Nous mangeons avec nos hôtes, leurs maris, mais aussi d’autres proches de la famille, soit une dizaine de personnes. Le repas est très agréable parce que d’une part notre hôte parle très bien anglais, et d’autre part nous sommes totalement intégrés à la tablée.

Le lendemain nous partons pour un trek pour la journée, les photos parlent d’elles-mêmes.

Le soir, nous changeons de logement, pour dormir chez la tante de notre première hôte. La maison est encore plus isolée, perdue dans les rizières. Un petit coin de paradis pour nous, une banalité pour eux.

Sapa (22)

Le lendemain, nous étions censés faire un trek plus petit que le premier jour. Alors oui sur la papier il y a moins à marcher, mais le denivelé est assez important.

On prend une dernière photo pour la route. De gauche à droite, Mama Zeu et son rire inoubliable, Candyce, Chaï avec son anglais impeccable et sa soif d’apprendre (tout comme sa fille), Sophia, le mari de Mama Zeu en habit traditionnel, moi, et le mari de Chaï.

Sapa (32)

Nous repartons de Sapa enchantés d’avoir vécu deux jours avec les H’mong, d’avoir mangé comme des rois, d’avoir marché dans les rizières, d’avoir tout compris des plantations de riz. Nous sommes très chanceux de voir ces paysages aussi verts, puisque si vous y allez à une autre saison, tout est beaucoup plus sec. Les vietnamiens sont souriants et chaleureux. Une très bonne entrée en matière !

Thibault

Thibault

3 Comments

  • Bernard

    Que de beaux paysages de rizières!
    J’étais au Veitnam il y a presque 3mois:toutétait sec,et les rizières des champs craquelés par la chaleur toride,et le manque de pluie..
    Merci aussi pour les commentaires »documentés » et humoristiques! et bravo pour les belles tranches de vie que vous savez trouver,et que vous nous faites partager ::vous êtes de vrais et authentiques routards

    27 juin 2016 at 16 h 46 min
    • Sophia
      Sophia

      Merciiiiii !! 🙂

      28 juin 2016 at 1 h 18 min
  • Séverine

    Waoh! Les paysages sont super et c’est émouvant de voir les moments partagés avec cette famille 🙂

    27 juin 2016 at 21 h 37 min

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