Ile de Don Det, 4000 îles
Nous nous rendons au Laos dans une région appelée les 4000 îles. Personne n’a compté, le nombre doit sûrement évoluer entre la saison des pluies et la saison sèche. Cette région se situe à la frontière entre le Laos et le Cambodge, et le Mékong, en se divisant en de nombreux cours d’eau, crée des îles et îlots de toutes tailles. Nous passons également notre deuxième frontière terrestre. Celle-ci est au bout du monde, en plein milieu de nulle part, pas de ville avant ni après, la dépendance au bus est totale, et les compagnies privées l’ont bien compris. Nous partons vers 7h de Kratie, l’arrivée est prévue vers midi. Mais ça, c’est sur le papier…
Après 2h de route en minivan, on nous dépose dans un restaurant tenu par une agence de voyages, en nous disant que le bus va arriver. Après un certain temps d’attente, je demande à quelle heure arrive le bus, bientôt me dit-on. J’insiste, et bien en fait il va falloir attendre jusqu’à 12h. Super, je lui fait bien comprendre mon mécontentement, même si je suis impuissant. Vers 12h30 le bus arrive, alors on y va, non ? Ah ben non il faut que ceux qui étaient dans le bus prennent le temps de manger. Vers 13h30 nous partons vers la frontière. 100m avant la frontière, un mec monte dans le bus et nous demande de descendre pour faire les papiers pour le VISA. Même pas un bonjour, même pas d’explication, il faut lui tirer les vers du nez pour passer la frontière tout seul. L’équation est très simple pour lui, il prend 1$ par personne pour s’occuper de tout. Si je résume la difficulté de la situation, cela reviendrait à payer 1$ quelqu’un pour qu’il s’occupe de payer à la caisse vos courses au supermarché…
Alors c’est parti pour le passage de frontière. Premier checkpoint, 2$ pour le tampon de sortie. What ? (Je fais l’étonné…) Je dis que normalement c’est gratuit, il prend les passeports et ne nous fait pas payer. La réalité c’est que d’une part ce tampon n’est pas obligatoire pour sortir du pays, et d’autre part si on prend un peu de recul cela voudrait dire que l’on vous retient prisonnier, ce qui est totalement différent que de ne pas vous faire entrer.
Deuxième guichet, on demande 1$ de frais de dossier. Cette taxe est moins difficile à payer puisqu’il peut être compréhensible que des frais soient applicables sur un VISA délivrable au milieu de nulle part. Pour certaines frontières, vous êtes obligés de faire votre VISA avant.
Troisième guichet, on nous demande 2$ de frais de tampon pour entrer au Laos. J’essaye de ne pas payer, je leur dit que ce n’est pas normal ni payant. Rien n’y fait, ils restent derrière leur guichet de marbre, forts de leur lâcheté triomphante. Nous ne savons pas trop si le bus va repartir, nous devons payer.
Arrivés au Laos, au milieu de nulle part, nous attendons le bus qui arrivera… 1h30 plus tard. Le chauffeur prend une bière au passage puis nous emmène à l’embarcadère, puisque nous allons sur une île au milieu du Mékong. Alors que nous sommes à 200m de l’embarcadère, il nous laisse dans le bus en nous demandant d’attendre. Nous patientons une demi-heure puis commençons à douter de sa parole, on nous dit autour de nous qu’il est rentré chez lui. Nous partons en direction de l’embarcadère, et on tombe sur lui, attablé avec une bière et il nous dit : « Pourquoi vous n’avez pas attendu ? » Discussion surréaliste entre 8 voyageurs qui ne comprennent pas pourquoi on a attendu et un mec con, mais bourré. (Ou le contraire, je ne sais plus…) Le bateau doit aller à Don Det uniquement, et nous avons payé un dollar de plus pour aller à Don Khone. Enervé, je lui dis. Il me dit de ne pas prendre ce bateau, je dois juste payer 100$ pour aller à Don Khone. Nous monterons dans l’autre bateau bien entendu.
Nous posons le pied sur l’île vers 19h, soit 12h de trajet au lieu de 5 annoncés. Nous ne sommes pas dans un cas de figure où le retard est dû à des problèmes multiples (panne mécanique, retard dû à la route, imprévus en tout genre…). Nous sommes dans de l’escroquerie organisée pour les touristes qui sont traités comme des moutons. Je ne considèrerai jamais cela comme de l’aventure, et je m’étonne toujours que certains restent stoïques face à ces situations, je trouve ça dangereux de ne pas être plus révolté…
Le soir nous trouverons une guesthouse indienne. Après avoir mangé (au restaurant) et tué 4 blattes, nous essayons de nous endormir.
Le lendemain nous louons un vélo puis cherchons un bungalow avec des critères exigeants : salle de bains privée et deux hamacs. Nous trouvons, la gérante nous fais patienter plus d’une heure avant de pouvoir nous installer. Ils ne sont jamais trop pressés ici.
En fin d’après-midi, nous enfourchons nos vélos, la lumière du coucher de soleil est magnifique sur les berges des ces îles. Nous trouverons un coin pour nous baigner, cela ressemble beaucoup à un gros torrent de montagne, mais l’eau est à 25°C ! Avant que le soleil se couche nous rentrons, un orage se prépare.
Le lendemain nous reprenons des vélos pour aller admirer la fameuse île sur laquelle nous devions dormir initialement. Déjà là où nous sommes, il n’y a pas grand monde puisque ce n’est pas la saison, mais sur l’autre île, il n’y a pas un chat, ou presque. Le retour est difficile, il fait chaud et humide, et la qualité de la route associé à la qualité du vélo augmentent l’impression de pédaler beaucoup pour peu de résultat.
Encore une fois le soir, un orage se prépare, nous pourrons voir les éclairs sur les rives du Mékong, alors que nous sommes attablés. Nous aurons aussi quelques coupures de courant. Le lendemain matin il ne fait pas super beau non plus, nous nous démotivons à nous rendre à des cascades un peu plus loin, sachant qu’il faut payer le bateau, le tuk tuk, l’entrée, qu’il pleuviote, et que nous verrons sûrement plus beau en Amérique du Sud. Nous prenons le petit déjeuner avec des pancakes et des chats (enfin pas dans l’assiette les chats).
Ces quelques jours dans le petit bungalow ont été bien agréables, dans cette île à taille humaine avec des recoins à visiter, et un nombre de touristes bien limité. Notre séjour au Laos commence bien.