Le Rocher d’Or, ou pas…

Ce matin nous essayons de chopper un pick-up partagé pour aller à la station de bus à 2h de route. On cherche pendant 30 min, et au bout d’un moment il faut se résigner : nous devons prendre le taxi sinon nous allons rater notre bus. On sort le chéquier… 5€, ça vaaaaaaaaaaa. Dans le bus, nous découvrons avec joie les films birmans ultra kitschs, ainsi que les clips dont la plupart ont été tournés lors de la fête de l’Eau, fête birmane bien connue où on se jette… de l’eau. Enfin apparemment ça va jusqu’à avoir un tuyau d’arrosage entre les mains.

Nous ne savions pas trop quand et combien de temps le bus allait s’arrêter, ce sera 30 minutes autour de midi, assez logique tout de même. Personne ne parle anglais ici, il faut que je prenne la serveuse par la main, et que je lui montre ce que nous voulons sur la table de voisins amusés. On s’en sort pour 400 kyats la soupe de nouilles soit 0,30€.

Le soir je teste le buffet birman, assiette de riz avec une dizaine de petits mets satellites. C’est assez épicé tout de même, et certains plats pourraient être délicieux, mais le poisson en paillettes qu’ils y ajoutent ne me fait pas rêver.

Si nous sommes venus à Kinmon, c’est pour aller admirer le Rocher d’Or, haut lieu de ferveur bouddhiste. C’est un rocher en équilibre à flanc de montagne avec une petite pagode dorée dessus. Bien sûr le tout tient grâce à Bouddha. Nous nous levons vers 5h30 pour essayer d’attraper les premiers camions bennes qui vous montent là-haut. Dans la benne sont installées des banquettes et il doit bien tenir 50 personnes à l’intérieur.

Dès 6h du matin c’est l’effervescence, les camions sont remplis à ras-bord, et les gens paraissent tout excités. Nous comprendrons rapidement que nous sommes dans un lieu très prisé des birmans, et nous voyons beaucoup de familles autour de nous. La montée fait partie de l’attraction, le chauffeur se retrouve sur une route privée bien entretenue, avec un petit bolide tout neuf entre les mains, et personne en face, autant vous dire qu’il se fait plaisir !

Dans la montée nous nous arrêtons plusieurs fois pour que les birmans fassent des donations. Ils reçoivent un reçu en échange, et certains sortent des billets 3 ou 4 fois ! Les birmans dépensent une partie non négligeable de leur argent pour les dons. Petite parenthèse : nous voyons aussi souvent des groupes de moines ou de nonnes se balader en ville avec un bol, en quête de dons. C’est parfois de l’argent liquide, parfois du riz.

A l’arrivée au sommet nous passons bien entendu par la case caisse pour les étrangers. L’excursion nous coûtera environ 9€ chacun. Puis nous allons enfin pouvoir découvrir le Rocher après encore quelques centaines de mètres…

«  Euhh, Sophia, je crois qu’on a un problème.»

« Tu déconnes, c’est ça ?!! »

« Apparemment oui… »

Le rocher est recouvert pour travaux, on est dégoûtés.

Je rencontre un moine dont les familles de ses deux parents s’étaient donné rendez-vous ici depuis les deux bouts du pays. Il est aussi dégouté, et lance en boutade que nous avons fait plusieurs milliers de kilomètres et que nous devons être encore plus dégoûtés. Je persiste à croire que nous sommes loin d’être les plus malheureux. Je fais une photo avec toutes les femmes de son groupe, je ne sais pas où sont passées les plus grandes.

Loin de nous ennuyer, nous pouvons constater la ferveur religieuse, c’est une ambiance plutôt festive et familiale, pas du tout austère. Des processions sont organisées souvent de la même façon : devant, des hommes portant sur les épaules d’autres jeunes hommes bien habillés, parfois même des enfants très jeunes ; derrière, des jeunes femmes sur leur 31 en file indienne, avec dans les mains des dons en tout genre, et un groupe de musique qui joue la voiture balai.