Phnom Penh

En arrivant à Phnom Penh, on décide de prendre une chambre sans climatisation, juste avec un ventilateur en pensant que cela nous suffirait. Cette ville étant un vrai grille-pain géant (ou hammam géant selon les points de vue), nous changerons le lendemain pour une chambre plus confortable et avec clim. Ce jour, le trajet ne nous a pas forcément épuisés, mais nous a surtout donné envie de ne rien faire. On est dimanche, ça doit être pour ça.

Le lendemain, je dois me rendre à l’ambassade du Vietnam pour faire nos visas, on ne pouvait pas les prendre à Paris en janvier car c’était trop tôt. Je les récupérerai le lendemain matin. Le prix : 40$ pour entrée simple et séjour de 1 mois.

A Phnom Penh nous avons prévu de voir deux connaissances, la chance ! C’est vraiment agréable de pouvoir discuter avec des français qui vivent depuis suffisamment longtemps dans le pays visité, afin d’en comprendre plein d’aspects. Cela donne un autre point de vue que les échanges entre voyageurs, plus centrés sur les activités et les bons plans.

Nous déjeunons avec Romain (Zamaroff pour ceux qui reconnaîtront) dans un restaurant de luxe puisque l’eau avec glaçons y est à volonté ! Romain habite depuis 4 ans à Phnom Penh avec sa compagne et ils ont même eu une petite fille il y a 8 mois. Ils avaient décidé de partir vivre dans un pays en développement, elle a trouvé une mission dans une ONG, et lui dans le textile puis la microfinance. Leur expérience fût enrichissante, et le hasard du calendrier fait qu’ils rentraient en France une semaine plus tard. On a failli le rater !

L’après-midi nous nous baladons dans la ville, avant de croiser le soir Alicia que nous avions rencontrée au Myanmar, le monde est si petit !

Le lendemain nous nous rendons au Tuol Sleng, connu aussi sous le nom du camp S21. Il fût l’un des plus actifs centres de détention et de torture des Khmers Rouges entre 1975 et 1978. Les Khmers Rouges étaient portés par une idéologie communiste inspirée directement de la révolution de Mao en Chine. Le principe barbare de ce régime, était de purger la société de ses mauvaises influences capitalistes ou coloniales et de créer un monde sans classes. Les intellectuels (instits, médecins, ingénieurs, bilingues, simples porteurs de lunettes, …) étaient considérés comme des ennemis, et ainsi renvoyés dans les champs ou emprisonnés, torturés, tués. Résultat : le régime de Pol Pot a tué son propre peuple, plus de 2 millions sur 8, pas tous par le meurtre, mais aussi par la famine due à l’incompétence du régime. Les prisonniers arrivaient dans ce camp, parfois par familles entières, avant d’être torturées pour avouer. Car oui, sous la bienveillance de l’Angka, sorte d’œil divin omnipotent et de providence, chaque personne arrêtée était forcément coupable, puisque l’Angka l’avait décidé ainsi. Pour clôturer ce chapitre sombre, le génocide a mis du temps à être reconnu, d’une part parce-que la situation politique au Cambodge est restée instable beaucoup d’années après la fin de ce régime, mais aussi peut-être parce que les Américains, sur fond de guerre du Vietnam, ont énormément déstabilisé le pays en armant notamment les Khmers Rouges. Encore aujourd’hui, le terme de génocide n’est pas reconnu par l’ONU, puisqu’il ne s’applique pas à une minorité ethnique ou religieuse.

Nous entrons donc dans le camp, ancien lycée reconverti par les Khmers Rouges. Il est situé en plein milieu de la ville, un bâtiment comme les autres en somme.

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On nous met tout de suite dans le vif du sujet. 14 tombes correspondent aux derniers corps retrouvés à l’arrivée sur place des vietnamiens en 1979. Dans les pièces de torture se trouvent un lit en fer, et, accroché au mur, la photo du dernier corps mutilé retrouvé. Glaçant.

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Le directeur du camp, Dutch, devait rendre des comptes à l’administration sur les aveux des détenus. Des milliers de photos avant/après ont été prises, des milliers de procès-verbaux ont été rédigés. Les personnes étaient entassées et enchainées dans de petites cellules construites à la va-vite dans ces anciennes salles de cours. Il n’était pas autorisé de prendre des photos à l’intérieur. Un des bâtiments a été laissé tel quel, avec notamment des barbelés pour éviter que les prisonniers ne se suicident.

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Nous repartons de ce genre de lieu démoralisés, tant la nature humaine peut être capable du pire. Il est toujours difficile de croire que de tels systèmes politiques puissent se mettre en place, et comment les peuples n’ont pas assez de force pour résister. Mais je crois que ce qui se passe au Moyen-Orient nous donne malheureusement le meilleur des exemples.

Le soir, nous retrouvons Patrick, le père d’Anabelle avec qui j’étais à l’IAE, qui habite ici, et à qui nous avions remis quelques guides de voyages sur Paris, afin de ne pas nous encombrer durant le trajet. Finalement nous passerons la soirée entière avec lui ! Tout d’abord dans un restaurant très animé plutôt orienté sur les fruits de mer. Il n’y avait que des khmers dans le restaurant, on adore !

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Le soir, ce sera billard dans un bar. Ce jeu est extrêmement répandu au Cambodge, nous en voyons énormément, est-ce une influence française ?

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Nous aurons également l’occasion de goûter plein de nouveaux fruits achetés par Avi, la compagne de Patrick. Certains sont introuvables sur les marchés.

Le lendemain soir, nous mangerons chez eux, Avi ayant préparé de succulents plats : poisson cuit au sel, travers de porc avec sauce au poivre et citron, salade de champignons, nouilles sautées aux crevettes, … Un régal !

Notre séjour à Phnom Penh s’achève, nous n’avons pas énormément visité la ville, mais nous avons passé de super bons moments à discuter de tout et de rien avec les personnes rencontrées.

Thibault

Thibault

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