Delhi, la capitale

Notre train pour Delhi part à 7h50 à 1h de bus d’ici, et nous avons encore 3-4 km à faire à pied puis prendre le rickshaw. Nous avons besoin de nous lever à 4h30. En chemin nous croisons ceux qui prennent des cours de yoga dès l’aube, le tapis sous le bras. Mais aussi plein d’indiens, il me semble que ce pays n’a pas d’horaires, tout est toujours ouvert ou quasiment. Tout s’enchaîne assez bien, on est sur le quai de la gare vers 7h10. La ville dont nous partons est un lieu de pèlerinage hindou important, nous croisons beaucoup d’indiens avec un truc sur l’épaule. Etant donné le caractère indescriptible, je vous mets le « truc » en photo. Dessus, des guirlandes, des portraits de Shiva, de Vishnou, de Ganesh, et d’autres divinités, des perruches en plastique, et deux paniers accrochés de chaque côté.

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La classe du train est encore le sleeper, nous n’aurons pas testé les classes supérieures, celle-ci étant convenable, les températures extérieures ne nécessitant pas de clim. Sophia n’a quasiment pas dormi la nuit dernière, elle en profite pour dormir pendant que je discute avec les indiens autour de moi. Il y a le jeune qui voulait discuter, qui descend sur Delhi pour une fête de famille chez son cousin, l’organisateur de mariages qui considère qu’au Sud il ne se passe rien car les gens sont couchés à 21h, et l’avocat dont la passion est la boxe, et qui revient d’une compétition. Ce dernier nous aidera infiniment en arrivant à Delhi, nous nous laisserons guider : il négociera le rickshaw, nous emmène au métro et paye même nos deux tickets ! Nous gagnons un temps fou avec lui. Nous ne savons pas comment le remercier.

Comme d’habitude nous n’avons rien réservé pour dormir, mais il existe un quartier central où les adresses pullulent. Après avoir constaté que celles du routard étaient pleines, on en fait une première au hasard. Lorsque l’indien ouvre la chambre pour nous la montrer, un petit cafard marche sur le sol, et il essaye d’en écraser un autre discrètement. Demi-tour toute. Il nous court après en descendant le prix de la chambre. Lol.

Finalement je trouverais quelque chose de potable pendant que Sophia sirote un coca (et garde les sacs lourds accessoirement) dans un café dont la cible sont les sud-coréens.

Le soir, nous voyons les premières gouttes de pluie depuis 7 semaines. Les rues étaient sales quand il faisait sec, elles se transforment en quelques centimètres de boue sur la route quand il y en a une. Un peu comme quand il a neigé 5 cm en ville, mais la neige est remplacée par de la boue et des déchets. C’est tout de suite moins poétique…

J’ai dû retourner dehors pour faire un aller-retour pour aller chercher ma carte bancaire dans un hôtel à proximité. Je vous explique. Juste avant de partir, j’ai découvert une nouvelle banque nommée Number26, pour laquelle vous pouvez décider de vos plafonds de paiement (jusqu’à 5000€ par semaine de retrait liquide, autant dire l’infini pour nous), et il n’y a pas de frais bancaires de retrait alors que les meilleures banques (quand vous avez plus de 25 ans) proposent des taux de 2%. Ces frais représentent environ 300 ou 400€ sur notre année, ce n’est pas négligeable. Cette carte a été livrée 2 jours trop tard chez la mère de Sophia, qui l’a envoyée chez Florian que nous allions peut-être revoir en Inde, qui l’a passé à un collègue (Simon) qui passait sur Delhi en vacances, et par chance dans un hôtel à côté du quartier dans lequel nous avons cherché. Merci à tous les acteurs de la chaine logistique, mission réussie !

Le lendemain nous partons pour notre journée touristique de Delhi. Notre première destination est le fort. Il a été bâti par la même dynastie moghole que le Taj Mahal et le fort rouge d’Agra. Il est beau et imposant mais a un air de déjà vu pour nous.

En sortant nous pouvons voir l’immense queue pour y entrer. Je crois que si nous étions tombés dessus en arrivant, nous aurions rebroussé chemin. Nous repartons quand même un peu déçus d’avoir payé pour rentrer, nous aurions pu nous abstenir.

La prochaine étape est la grande mosquée, la plus grande de l’Inde, et pour nous y rendre nous traversons le marché. C’est encore une fois un immense et joyeux bordel.

Pour rentrer à la mosquée, un type posté à l’entrée veut nous faire payer 300 roupies chacun, soit 8€. Un prix exorbitant ici. Nous sommes prévenus par le Routard, il s’agit là d’une arnaque à touristes, l’entrée n’est pas censée être payante. Nous le faisons remarquer, sûrs de nous. Ce sur quoi on nous répond que c’est pour avoir le droit de prendre des photos. Nous répondons que nous ne prendrons pas de photos et que les appareils resteront dans nos sacs. Ce sur quoi Monsieur-réponse-à-tout nous répond qu’il ne pourra pas s’en assurer une fois que nous serons à l’intérieur. A noter que pendant ce temps beaucoup d’indiens rentrent sans payer. « Ah oui mais eux ils sont musulmans. » Ah bon, c’est marqué sur leur visage ? Votre taxe, c’est pour les appareils photos ou les touristes ? Parce que nous on sait lire entre les lignes après quelques semaines en Inde. Pour information dans tous les lieux où les photos sont interdites, il existe des consignes pour laisser appareil photo et smartphones ; or, ce n’est pas le cas ici : qui sort de chez lui sans son téléphone de nos jours ? Bref, l’arnaque est avérée, mais le ton monte et nous n’avons personne sur qui compter pour prendre notre défense. Nous rebroussons donc chemin.

Un asiatique nous propose alors de garder nos affaires pendant quelques minutes, et vice-versa. On accepte, par contre lui et son père n’iront pas à l’intérieur, trop dégoûtés d’avoir avoir eu affaire à tant de bêtise. En rentrant dans la mosquée, on passe devant le « taxeur ». On n’est pas peu fiers de notre combine, il fait moins le malin. A noter qu’à l’intérieur tout le monde se balade avec son smartphone à bout de bras tendus, et on se rendra même compte qu’il y avait d’autres entrées ouvertes à tous, sans gorille peu scrupuleux barrant la route …

A l’intérieur, il n’y avait pas de quoi faire tant d’histoire. La mosquée est grande, bien tenue mais c’est assez sobre en décorations. C’est un lieu vivant, assez ouvert, il n’y a pas de pièces à proprement parler, mais plutôt des espaces couverts. Sur le sol marbré sont disposés des centaines d’emplacements de prière dirigés vers la Mecque.

Nous nous dirigeons maintenant vers un temple sikh également actif. Pour rappel le sikhisme est une religion créée il y a environ 400 ans en Inde, par un assemblage de caractéristiques principalement hindoues et musulmanes, mais aussi issues d’autres religions. En arrivant nous demandons si nous pouvons entrer. Pas de problème, il faudra juste enlever ses chaussures, mettre un foulard sur la tête, se laver les mains, et passer dans le pédiluve. Nous rentrons, un sikh me touche le sac à dos, pour le purifier ? Nous sommes dans une immense salle, tous les regards se tournent sur un promontoire recouvert d’or. (Je pense qu’il contient les reliques d’un martyre sikh) Nous essayons de nous faire le plus discret possible, les sikhs prient puis s’assoient et se prosternent. Malgré notre présence, aucun ne nous juge ou ne nous regarde bizarrement, quelle tolérance. Nous resterons là une petite demi-heure, à lire les traductions en anglais des prières sur le grand écran, observer les détails de certains pratiquants, et tout simplement apprécier ce moment unique.

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A côté du temple, la communauté possède également bibliothèque, hébergements et cantines, où les repas sont servis gratuitement à quiconque se présentant, quelle que soit sa religion. Contrairement à l’hindouisme et son système de castes, l’un des principes fondamentaux du sikhisme est l’égalité, donc tout le monde met la main à la pâte à tour de rôle. En déambulant dans les cuisines on nous invite à manger, avec générosité et sincérité. Nous refusons poliment, mais accepterons tout de même un thé et du pain qu’un sikh s’empressera de nous apporter. A la fin, nous ferons une donation, mais à aucun moment on nous en demande une. A côté de nous il semble que certains sont très aisés et d’autres très pauvres. Nous avons adoré ce moment simple et généreux, forme la plus concrète de l’égalité.

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A côté du temple se trouve un musée du sikhisme, très kitsch mais un peu instructif. C’est une exposition d’une centaine de tableaux peints récemment. En sortant nous prenons dans une boutique un badam milk (lait bien crémeux et sucré parfumé à la cardamome, à la pistache et à l’amande) et sa version glacée, le fameux kulfi. Délicieux.

Petite vue d’en haut du restaurant le soir. Je vous laisse apprécier, et trouver Charlie.

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Voilà, le dernier jour en Inde est arrivé, il nous faut penser à écrire un premier jet de cartes postales, dépenser nos derniers roupies, et penser à notre prochaine étape (un peu mais vraiment pas beaucoup).

Dernière photo de rue.

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Au moment où nous rentrons dans le métro pour rejoindre l’aéroport, nous quittons l’Inde plus vite qu’imaginé. Escalators, sol carrelé impeccable, métro silencieux et moderne, pas un bruit dans le métro, pas de vendeurs à la sauvette ni de mendiants.

Après une légère inquiétude face au temps nécessaire pour imprimer nos cartes d’embarquement, nous passons la sécurité, et nous craquons.

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L’Inde, c’est terminé, ça vaudra bien un petit bilan !

Thibault

Thibault

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