A la rencontre des orangs-outans dans la jungle de Ketambe

On ne sait plus trop pourquoi, mais on s’est laissés prendre au jeu du bus direct pour aller à Ketambe. Cela nous semblait un peu galère d’enchaîner trois bus, mais une fois dans le mini-van on a regretté ; ça n’aurait pas été si compliqué que ça finalement… Petit coup de mou. On se rend à Ketambe, point d’entrée du parc national de Gunung Leuser, en espérant avoir la chance d’observer des orangs-outans en liberté. Initialement, on devait aller à Bukit Lawang, mais il s’agit là-bas d’un centre de réhabilitation où les animaux sont nourris à heures fixes. On en voit à tous les coups, mais ils sont loin d’être en liberté. Après rapide réflexion, nous avons préféré aller à leur rencontre dans leur milieu naturel dans la jungle de Ketambe, avec le risque de ne pas en voir du tout.

Vu aussi sur le trajet…

En arrivant sur place, nous organisons un trek de quatre jours, accompagnés par une polonaise que nous avons rencontrée dans le bus. Notre guide est Pindra, un indonésien de 26 ans qui a appris le métier auprès de son oncle, et qui parle parfaitement anglais puisqu’il a fait des études pour être prof. Il est accompagné d’Arman, le porteur, qui ne parle pas anglais mais sait très bien faire comprendre ses blagues.

Comment vont se passer ces quatre jours ? Va-t-il être difficile de vivre dans la jungle ? J’ai beaucoup insisté pour faire 4 jours au lieu de 3, car ce n’est pas tous les jours que l’on a cette chance. J’espère que Sophia ne m’en voudra pas trop. Nous partons le matin, tout sourire, avec nos pantalons de randonnée, et nos chaussettes anti-sangsues vertes.

Après seulement une petite demi-heure de marche nous apercevons notre premier orang-outan, un mâle alpha, un peu plus gros que ses congénères normaux. Nous sommes en pleine saison des fruits, on repère les animaux aux déchets qu’ils laissent tomber sur le sol, parfois de plus de 10 mètres de haut. Il n’y a aucun danger particulier à être si proches d’eux, ils passent toute leur vie en hauteur, et dorment dans des nids faits avec des branches. De toute façon, sur terre ils ne seraient pas en position de force, puisque leurs bras sont plus longs que leurs jambes.

Une ou deux heures de marche plus tard nous arrivons à notre campement. Le trek étant axé sur les orangs-outans, la marche n’est pas très difficile, et la nourriture ne manquera pas, notre porteur a de quoi nous nourrir plus que raisonnablement.

Nous découvrons que notre pire ennemi dans cette jungle est en réalité l’humidité… Il fait déjà chaud, et avec le pantalon et les chaussettes, nos habits sont mouillés de sueur. De temps en temps nous traversons une rivière qui nous arrive aux genoux, et nous remettons nos chaussettes et chaussures directement (on ne va quand même pas salir notre serviette). Toutes ces choses additionnées nous font bien veiller à ce que d’autres affaires pour le soir soient au sec dans le sac. Nos vêtements de la journée, eux, ne seront jamais vraiment secs. Il arrive même qu’on les laisse dehors et qu’il pleuve pendant la nuit.

Nous étions venus voir les orangs-outans, et nous avons été servis ! Sur quatre jours de trek, nous avons du en voir une petite vingtaine, peut-être parfois les mêmes. Nous verrons notamment des bébés de moins de 2 ans, ainsi qu’un autre mâle énorme, à moins de 5 mètres.

Notre deuxième campement se situe juste à côté d’une source chaude, en plein milieu de la jungle. C’est un jacuzzi à ciel ouvert, la température se régule en déplaçant un caillou pour modifier le mélange eau froide de la rivière, et eau chaude chauffée par le volcan. Nous en profiterons en fin d’après-midi, et même un matin sans personne à l’horizon.

La vie dans la jungle nous a permis aussi de découvrir que dans la jungle, tout est plus grand ou plus gros, ou plus insolite.

Nous gardons de merveilleux souvenirs de ce trek, parce que le guide et le porteur étaient très sympathiques et très simples, et le niveau d’anglais du guide permet de discuter de sujets variés sans être limités par l’incompréhension réciproque.

Nous rentrons du trek bien contents de retrouver une douche digne de ce nom, et de dormir dans un bon lit. Heureusement pour nous le temps a été plutôt clément, et les fois où la journée était pluvieuse, la soirée ne l’était pas. De plus, quelques rayons de soleil ont éclairé notre dernière journée, alors que l’humidité se faisait de plus en plus pesante. Le meilleur dans tout ça, c’est bien sûr d’avoir pu observer pas mal d’animaux, les orangs-outans principalement, en liberté. C’est tellement plus magique que n’importe quel parc d’attractions !

Au cours de notre séjour, nous avons croisé dans la même guesthouse un allemand nommé Andrë qui séjourne ici depuis 1 mois. Il aime à aller dans la jungle seul pour observer les oiseaux notamment. Sophia lui avait demandé si on pouvait l’accompagner en revenant du trek, il avait accepté avec le sourire. Petite précision : il est rare que des occidentaux s’aventurent dans la jungle tout seuls, car on peut s’y perdre très très facilement. C’est à l’habitude et l’expérience que les guides ne s’y perdent pas.

Nous étions dans la pension Sadar Wisata, où la femme de Pindra nous cuisinait des plats simples et délicieux. Comme souvent, rester quelques jours dans une pension de famille vous fait sentir un peu plus proches, surtout après 4 jours dans la jungle. Nous partirons avec un peu de difficulté, mais ça aussi ça fait partie du voyage.