Rishikesh, capitale mondiale du yoga

Nous avons un peu changé nos plans initiaux, nous filons droit vers le Nord vers Rishikesh, capitale mondiale du yoga, située aux sources du Gange. Voyager sur le long terme est l’occasion de faire des choses différentes, et les lieux trop touristiques ont aussi leurs désagréments qu’il vaut mieux parfois s’en éloigner. Enfin au final Rishikesh ne l’était pas tant que ça. Nous étions partis pour faire une semaine dans un ashram, sorte de lieu de retraite avec un programme précis : lever aux aurores, méditation et 4h de yoga par jour. Malheureusement cela ne s’est pas fait, le gérant de l’ashram était prêt à nous réserver un taxi pour venir nous chercher. Puis je lui ai dit que nous nous débrouillerions pour nous rendre là-bas, et il nous a ensuite annoncé qu’il n’y avait plus de place… Tant pis, on y va quand même, histoire de passer une petite semaine tranquille avant de redescendre sur Delhi.

Pour y arriver, nous avons passé une nuit horrible dans un sleeper sans suspensions. Nous sommes tout à l’arrière, et parfois on rebondit de 20cm sur la couchette, il n’y a rien de tel pour s’endormir. Comme il y a peu d’espace, on retombe parfois sur les barres de fer auxquelles on tient fermement. Le matelas est fin et l’amortissement de la chute est limité. La cerise sur le gâteau, on n’a jamais payé aussi cher pour un sleeper ! Vivement qu’on arrive à Rishikesh pour se détendre…

Changement de bus à Haridwar, à 30km de notre destination finale. 1h plus tard, on arrive (enfin) à Rishikesh. On se rend directement à la gare pour prendre des billets de train pour la fin de semaine, direction Delhi. Victoire : on a des billets au bon prix ! On prend un rickshaw que l’on partage avec George, notre compagnon de galère allemand, et des locaux. Le quartier que nous visons est semi-piéton (il n’est pas censé y avoir de voitures, uniquement des 2 roues…), on nous dépose donc juste avant le pont.

C’est là que nous buvons notre premier jus de canne à sucre : trop bon. C’est grâce à cette machine toute simple que le jus est extrait : 2 rouleaux laminent la canne à sucre. Puis elle est pliée en deux puis relaminée, et ainsi de suite jusqu’à en extraire la substantifique moëlle. On est conscients que nous prenons un risque pour nos intestins mais soyons fous ! Ce ne sera pas le dernier.

On traverse le pont puis on se dirige vers un ashram recommandé plus tôt. C’est plein : cette semaine s’y déroule un festival international du yoga. Oups !

Le yoga est un bon business, et le festival réservé aux plus fortunés, ça coûte 500$ la semaine. Heureusement, on finit par trouver une guesthouse avec une vue superbe sur le Gange, dans un autre quartier à 3km de là. Et tout ça pour 500… roupies cette fois, soit 6€85 la nuit. Une bonne douche et au lit ! On ne ressortira qu’à 20h de la chambre.

Le lendemain c’est au tour de Sophia d’avoir besoin de repos. En même temps on est là pour ça ! Le soir je me rendrais à mon deuxième cours de yoga tout seul, et en plus je serais seul avec le prof ! Il m’arrive un truc étrange : vers la fin du cours, pendant une période où j’ai les yeux fermés, j’entends un zip de sac. Etrange. J’ouvre les yeux, le prof, à peine 20 ans, avait mon sac dans les mains. Super. Il s’excuse, avance qu’il ne savait pas à qui était ce sac, etc… Je crois que si je n’avais pas fait une heure de yoga juste avant, il aurait passé un sale quart d’heure ! Bon allez on passe à autre chose.

Le soir je mange avec George. Il est cuisinier, et voyage depuis 17 mois en ayant commencé par l’Australie. Il prévoit de rentrer chez lui en vélo depuis l’Inde.

Le lendemain on se balade dans le quartier où se situent beaucoup d’ashrams. A un moment on nous arrête, une star traverse la rue piétonne, avec cameraman, photographes et groupies… Nous demandons de qui il s’agit : c’est Mooji, un maître spirituel très connu « dans le milieu ». Nous nous baladons dans l’ashram, Sophia fait une superbe photo de chat !

Le soir nous assistons aux prières du fameux Mooji. La cérémonie tourne autour d’un feu et de chants.

Le lendemain nous partons pour un trek d’une dizaine de kilomètres pour atteindre un temple dédié à Shiva. Dans les montagnes environnantes, la balade doit être des plus agréables, ce sera l’occasion de nous éloigner un peu de la foule et des regards oppressants. Nous trouvons le début de la balade, c’est loin d’être un petit chemin de randonnée bien entretenu… C’est plutôt une route goudronnée de 4-5 mètres de large, où énormément de garçons indiens marchent un peu bruyamment dans les 2 sens, et dévisagent Sophia comme toujours. Tous les 10 mètres il y a une petite échoppe qui interpelle comme toujours avec leurs mots « Hello / Yes m’am / Please have a look ». Des enfants mendient en vous suivant quelques mètres, sous le regard « bienveillant » de leurs parents. Et bien sûr, on est en Inde, donc les abords du chemin sont jonchés d’ordures. Ah qu’elle nous manque notre douce France pour ses balades en montagne tellement agréables…

Le décalage est trop important, par chance nous pouvons bifurquer et n’avons pas besoin de rebrousser chemin. Shiva excuse-nous mais là l’Inde nous gonfle un peu sur ce coup. On marche le long du Gange, je vais me purifier un peu, et accessoirement me rafraîchir. Sophia purifiera quand même ses pieds. Tout au long de la semaine nous serons impressionnés par la vitesse du courant de ce fleuve malgré sa largeur importante. Qu’est-ce que ça doit être en saison des pluies !

En repartant on croise beaucoup de singes sur la route, ces petites bêtes sont vraiment fascinantes avec leurs attitudes humanoïdes (je l’ai déjà dit ça non ?). Cette fois-ci ils se cherchent des poux, sans jeu de mots.

Le soir je prends 30 secondes pour effacer entièrement le blog, je le regrette encore, cela m’a fait prendre du retard. Nous partons ensuite pour une heure de yoga ensemble. Ce sont encore et toujours des exercices de souplesse mais aussi musculaires. On alterne périodes de tension et de relâchement, et votre esprit adopte aussi ce rythme.

Petit aparté : le pont à Rishikesh est plutôt sympa de jour, avec ses couleurs indiennes. Par contre le soir il montre un autre visage, un peu plus kitsch.

La veille nous avions repéré un autre coin depuis la route, et nous décidons de retourner à cette plage de sable fin. Oui vous avez bien lu, on est en Inde au bord du Gange et on trouve une plage de sable fin ! Même nous on n’y croyait pas.

Petit pique-nique pour nous deux, baignade pour moi et relaxation pour Sophia.

Voilà, notre petite semaine de repos s’achève déjà, c’est passé beaucoup trop vite. Mais au moins l’objectif de nous écarter un peu du tumulte de la ville est réussi. Comme on est un peu masos, on file à Delhi, enfin c’est surtout à partir de là qu’on prendra l’avion pour la destination suivante…